La dernière grève de la faim de Bernard s'est terminée à Noël 2010, suite à la requête du Conseil Européen des Droits de l'Homme, qui lui a humblement demandé de patienter le temps qu'ils puissent statuer sur son cas. Le comité de soutien à Bernard Rappaz s'est mis à partir de cette date en veille, et pour ne pas perdre ce temps de veille, s'est agrandit ambitieusement en un comité international pour soutenir tous les prisonniers politiques de la guerre aux drogues du monde. Bernard sert donc de tremplin et de figure emblématique pour le combat!
La lutte continue! Comme dans la chanson de Rockin Squat, elle continue et elle risque de durer longtemps, hélas, car il restera toujours, et c'est pas vraiment pessimiste de dire cela, un prisonnier politique victime de cette foutue guerre interminable contre une chimère : les drogues. Alors la lutte continue, oui. Et elle est pas prêt de stopper.
Et l'on reste uni, et l'on reste actif, vigilant et observateur quand des aberrations passent inaperçues pour le commun des mortels, inaperçues et c'est voulu par les hauts dirigeants, les autorités concernées, c'est là qu'on porte des erreurs pathétiques en haut de l'échelle pour hurler qu'elles existent. Et on continuera à le faire, quoi qu'en disent les empêcheurs de gueuler en rond. C'est notre mission. Et c'est une mission humanitaire, j'ai pas peur de le dire. Vous pouvez rire, vous qui pensez que ces personnes enfermées ont mérité ce qui leur arrive, que ce ne sont que des trafiquants de drogues, des gens qui parlent trop ou trop fort à votre goût; vous pouvez rire, oui, mais nous on ne rit pas. Et la lutte continue, avec tout ce que cela implique. Alors vous qui riez, c'est contre vous qu'on se battra aussi, sans scrupules, sans rémission, sans pitié. Vous avez choisi votre camp, et nous le nôtre. Alors riez tant que vous le pouvez. Oui riez.
Les autres, ceux qui ne rient pas, c'est à vous vraiment que je m'adresse. Ceux qui prennent au sérieux cette lutte, ceux qui la portent haut et fort, ceux qui se mouillent pour des hommes et des femmes qui crèvent pour des actes punis à cause d'une vieille loi qui a toujours été inutile, à cause de mœurs dépassées car ça fait longtemps que les nouvelles génération ont compris que ces mœurs n'étaient là que pour des raisons stupides et qu'elles ont toujours fait le mal, à cause de leur activisme aussi, face au pouvoir de l'argent, face à la censure, face à l'incompréhension de leur peuple à qui on a bourré le crâne depuis des dizaines d'années avec des conneries, des mensonges éhontés, des valeurs tronquées, religieuses, pseudo-culturelles, dictatoriales, leur peuple qui a abandonné depuis un baille ses droits naturels, les droits humains qu'a tout homme normalement... Oui, normalement...
En France, aujourd'hui, sachez qu'on enferme toujours pour consommation de drogue! Et sachez que ce n'est pas du tout exceptionnel. Que ce soit du cannabis (shit, herbe, huile...), des opiacés (héroïne, opium, morphine, subutex, skénan...), de la cocaïne, du LSD, de la MDMA, amphétamines, etc... les prisons sont remplies de simples consommateurs. Les vendeurs, qui ont décidé à un moment de leur vie de remplir un trou que l'État s'acharne à laisser vide, celui du marché des drogues, sont eux aussi jeté sans ménagement en prison, avec d'avantage de fermeté que les simples consommateurs, (mais ne nous leurrons pas : tout consommateur est appelé à vendre à un moment ou à un autre pour pouvoir continuer à assurer sa consommation, c'est un secret de polichinelle) pourtant ils remplissent qu'on le veuille ou non une mission, et cette mission continue à enrichir des mafias du fait de la prohibition! Car si l'État aveugle se décidait à, d'une, se rendre compte qu'il ne pourra jamais endiguer le phénomène de la consommation et de la cession des drogues, et de deux, se risquait à remplir son rôle qui est de fournir tout un pan de la population qui est aujourd'hui hors la loi, ces mafias seraient obligé d'aller taper ailleurs, car le business de la drogue serait assuré légalement, et ne leur rapporterait plus rien... et cette partie de la population, les consommateurs, ne seraient plus considérés comme des criminels, les choses rentreraient dans l'ordre.
Non un consommateur n'est pas un criminel! A qui est-ce qu'il nuit ? A personne d'autre qu'à lui même, et dans certains cas, car dans beaucoup de cas, il ne nuit même pas à lui même. Donc ce crime est un crime sans victime. Un consommateur est un faux criminel, et il n'y a que devant un juge ou dans un commissariat qu'il devient le vilain drogué qui fait chier la société... Ne peut-on pas plutôt apprendre aux gens à bien se conduire et à, par exemple, ne pas enfumer son voisin ? Non on préfère guérir que prévenir et apprendre. On préfère soigner les problèmes plutôt que de donner les moyens qu'ils ne se manifestent plus et qu'ainsi ils ne soient plus problèmes... Le combat que mène l'État contre la méchante et diabolique drogue n'est qu'un voile qui sert à cacher que ce sont eux, les dirigeants qui crient à l'assassin, qui profitent directement de ce système de prohibition. Non ils ne le changeront pas car ça les arrange, et ils ont des intérêts multiples pour que ça reste tel quel, et que leurs admirateurs pensent d'une certaine manière et continuent à diaboliser ce qui pourrait être limite inoffensif si on s'y prenait de la bonne manière.
Alors la lutte continue. Et on se battra quoi qu'il arrive, pour nos droits les plus élémentaires. Et on défendra ceux qui sont les têtes sur les piques de leurs châteaux-forts, qui leur servent d'exemple à qui veut un jour s'élever à son tour et dire ce qu'il pense tout haut, faire ce qui lui semble bon en matière de stupéfiant. Comme Bernard l'aura fait en son temps.