Bernard Rappaz: Nouvelle pétition concernant le soutien spirituel.
Le Nouveau Nouvelliste qui aime beaucoup Bernard Rappaz informe sur
sa troisième pétition :
Le 6 mai 2011.
DÉTENUS Après la nourriture et les femmes, l'islam est le nouveau
cheval de bataille de Bernard Rappaz et de ses voisins de cellule.
Le canton y réfléchit.
Un imam pour Crêtelongue
GILLES BERREAU
Des détenus du pénitencier de Crêtelongue demandent la présence
régulière d'un imam dans le cadre de l'assistance religieuse en
prison. Une première requête émanant de six détenus musulmans a été
refusée début mars. Cette fois, ils reviennent à la charge avec
l'appui de prisonniers sans confession ou chrétiens. Parmi ces
derniers, on trouve - vous l'aurez deviné - Bernard Rappaz. Ces
derniers mois, l'homme s'est déjà illustré en exigeant avec d'autres
détenus une meilleure nourriture (février 2011), puis une chambre
conjugale pour qu'ils puissent y recevoir leur compagne (avril
dernier).
Si pour les menus et les femmes, une trentaine de détenus avaient
soutenu ces démarches, cette fois la question religieuse n'a
visiblement pas retenu autant l'attention derrière les barreaux.
Seule une quinzaine de personnes, dont six musulmans ont signé cette
réclamation.
Egalité de traitement
C'est en janvier dernier que les détenus musulmans ont proposé
qu'un imam, reconnu par le Conseil d'Etat valaisan, leur soit
envoyé. Requête refusée en mars par le directeur-adjoint de la
prison qui soulignait alors que l'assistance religieuse est assurée
avec le concours d'un aumônier catholique et d'un autre protestant.
Les quinze détenus ont déposé alors en avril une réclamation. Selon
eux, la décision ne respecte pas le règlement des prisons
valaisannes qui stipule qu'
«au besoin, la direction fera appel à
des aumôniers d'autres confessions». Autre argument avancé: ce
règlement garantit une égalité de traitement en matière religieuse.
La position du canton
Pour le directeur des pénitenciers valaisans, Georges Seewer,
«se
pose la question des églises officielles ou non en Valais, ainsi que
la nécessité de traiter tout le monde de la même façon.
Actuellement, en principe un aumônier catholique ou protestant passe
chaque semaine à la prison, en alternance».
Pour la conseillère d'Etat Esther Waeber-Kalbermatten, un mandat de
prestation tel que celui attribué par le canton aux aumôniers des
deux religions officielles (ndlr: rétribués à 20% par le canton)
n'est pas envisageable pour un imam. Par contre, la question d'une
visite d'un religieux musulman va être étudiée.
«Elle devrait se
faire en dehors des visites réservées aux familles, pour ne pas
prétériter ces dernières», ajoute la cheffe du Département de la
sécurité, des affaires sociales et de l'intégration. Elle précise
que les résultats de l'audit commandé par le canton sur les prisons
valaisannes sont attendus pour le mois de septembre.
L'avis des aumôniers
Aumônier catholique des prisons valaisannes, Olivier Messer
rappelle que si la loi prévoit exclusivement l'accès aux prisons
pour les religions catholique et protestante,
«il faut réfléchir à
la présence d'un imam, une nouvelle donne existant avec une
population carcérale musulmane toujours plus importante». L'aumônier
protestant Roby Baer se montre plus circonspect. Il met en avant des
problèmes de formation des imams pour ce travail d'aumônerie et le
souci de leur représentativité.
«Un musulman d'Afrique du Nord
acceptera-t-il la visite d'un imam des Balkans?»
Le catholique Olivier Messer précise que son collègue protestant et
lui-même sont à l'écoute de tous les détenus. Mais l'exercice a ses
limites.
«Pour la prière, par exemple, nous ne sommes pas aptes à
remplir ce rôle, même si les musulmans sont invités à nos messes
pour s'y recueillir.»
PAS DE MALBOUFFE, NI DE SEXE
Concernant les critiques de détenus sur la nourriture de
Crêtelongue, Georges Seewer indique que le rapport établi à sa
demande démontre que les mets servis sont variés et sains.
«Il y a
des légumes tous les jours ou, à défaut, de la salade. Les détenus
ont aussi droit, selon la saison, à des fruits et légumes produits à
Crêtelongue.»
Le pénitencier exploite quelque soixante hectares (viticulture,
arboriculture, grandes cultures).
«Par contre, nous avons constaté que l'on pouvait faire mieux
concernant les plats chauds. Les repas sont préparés à Pramont, puis
reconditionnés à Crêtelongue par des détenus. Or, ces derniers
changent souvent et le savoir-faire se perd parfois. J'ai ordonné à
notre cuisinier de s'assurer périodiquement que le travail soit
correctement effectué.» Georges Seewer juge par contre irréaliste la
demande d'une cantine proposant des menus au choix avec dessert,
etc.
En outre, les détenus ne pourront pas bénéficier, comme ils le
demandaient, d'une chambre conjugale pour recevoir leur amoureuse.
«Nous ne sommes pas entrés en matière. Car Crêtelongue est un
établissement ouvert où les détenus bénéficient rapidement de congés
de plus en plus fréquents, dès qu'ils ont effectué le tiers de leur
peine. Les experts font remarquer que ces congés permettent déjà au
détenu de retrouver sa compagne.» GB