Comité International pour la Libération Immédiate
des Prisonniers Politiques de la Guerre Anti-Drogues

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2011 faut qu'onze bouge

par Farid de Cannabis Sans Frontières, 11 janvier 2011
L'année 2011 est le début d'une décennie qui promet d'être chaude pour les prisonniers politiques, et les lois en matière de drogues. Faut qu'onze bouge!!

En 2011, des pieds à la tête, faut qu’onze bouge !

Il est déjà difficile de sortir de 2010 année du cannabis, sans amertume. Déception à l’international, avec la Californie par exemple. Et surtout, vu de France, le constat est terriblement négatif. Rien des frémissements positifs extérieurs ne semble pouvoir atteindre, percer le mur d’hypocrisie, de mensonges et de morale étroite, dont se barricade la « Narkozy ». Même si le débat sur les salles de consommation à moindre risque de drogues parait agiter une petite partie de la sphère politique, il risque de s’embourber dans les commissions de réflexions, toutes les libertés étant en recul, l’adoption de la LOPPSI2 le démontre.

Pourtant, il faudra bien un jour, regarder les réalités en face, sans à priori bien pensant rétrograde et solutionner les innombrables dégâts provoqués par cette guerre forcenée non pas tant "à la drogue" qu’aux consommateurs et petits revendeurs, une répression bien utile pour les statistiques [1], mais ne résout pas grand chose du problème.

Que le Portugal figure comme un pays modèle en matière de politique anti-drogue, au bout d’une décennie de dépénalisation de l’usage, et que le Royaume Uni et les Etats-Unis disent et montrent vouloir s’en inspirer, devrait interpeller !

Qu’aux USA dans une quinzaine d’états, qu’au Canada, ainsi que dans plusieurs pays européens, des malades puissent accéder légalement à une médication à base de cannabis afin de soulager efficacement leur douleurs, devrait interroger !

Que la personne en charge de l’unité de coordination de la politique anti-drogue de l’Union européenne, Mme Dana Spinant, affirme que « la prohibition ne marche pas, et chaque état est souverain pour décider d’en sortir en adoptant une politique de régulation du cannabis, et d’autres drogues, sans crainte que l’Union européenne n’ait à intervenir contre », devrait motiver [2]] !

Que le rapport d’Anand Grover, remis aux Nations Unies, explicite les graves atteintes aux droits fondamentaux et les conséquences dramatiques de la politique actuelle de « contrôle international » pour recommander une sortie du régime de prohibition des stupéfiants, en s’alignant sur les modèles de régulation de drogues légales comme le tabac ou les médicaments, devrait questionner !

Qu’en 2008, la France à la présidence de l’UE ait fait écarter les analyses et conclusions du rapport Reuter-Trautmann sur le bilan de la décennie, pour établir la nouvelle stratégie et les nouvelles actions anti-drogues de l’UE, devrait se savoir !

Qu’Etienne Apaire vienne de prendre la tête du Groupe Pompidou, que le Premier Ministre François Fillon reçoive en grande pompe les responsables de l’association « Parents contre la drogue » [3], que la MILDT lance une nouvelle campagne pour « sensibiliser les parents »... tandis que la politique de réduction des risques semble dans l’impasse pour ne pas dire en pleine régression, devrait choquer !

Il y a cinquante ans, au pire moment de la « guerre froide », l’URSS, les USA, la Chine et l’Europe s’accordaient pour imposer une convention unique pour le contrôle international des stupéfiants.

Depuis quarante ans, la France dispose d’un arsenal législatif singulier, l’un des plus répressif au monde.

Il y a trente ans, Robert Nesta « Bob » Marley nous abandonnait...

Il y a vingt ans, le CIRC était fondé autour de Jean Pierre Galland, auteur de « Fumée clandestine » publié par les éditions du Lézard pour demander la dépénalisation de l’usage et la légalisation du cannabis.

Il y a dix ans, Place de la bastille à Paris et dans plus de 200 villes sur la planète s’organisait la première Marche Mondiale du Cannabis.

Et pendant tout ce temps, la France s’affirme comme le champion de la consommation du cannabis en Europe, n’en reconnaît l’usage thérapeutique que pour quelques malades en fin de vie, ceux qui auront su être suffisamment opiniâtres face à l’administration, et remplit allègrement ses prisons surpeuplées où d’autres drogues circulent sans trop de problèmes et sont consommées dans une totale insécurité sanitaire hypocrite [4].

En 2011, faudrait qu’onze bouge !

P.-S.
Notes

[1] Des policiers exaspérés par cette logique du chiffre, qu’ils appellent "la Batonite" -essentiellement basée sur la "chasse à la boulette"- critiquent aujourd’hui ouvertement cette stratégie, qu’ils jugent contre-productive. Aux Etats Unis, une association LEAP est aussi emblématique de ces agents de la lutte anti-drogue devenus anti-prohibionnistes.

[2] Pour lire le communiqué de l’ENCOD et voir la vidéo de cette audition publique : http://encod.org/info/L-UE-PRETE-A-CESSER-LA-PROHIBITION.html

[3] A notre grand peine, faisons publicité de ce site pour se faire un avis sur la pertinence de leurs analyses, et bien que bénéficiant d’appuis politico-médiatiques forts y compris gouvernementaux, nos ennemis partisans de la prohibition, de l’abstinence et de la "guerre à la drogue" semblent aux bords de l’apoplexie !

[4] Les usagers injecteurs dans les prisons françaises ne disposent pas de programme d’échange de seringues, ce qui du point de vue des acteurs de la réduction des risques est une politique criminelle.






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