Comité International pour la Libération Immédiate
des Prisonniers Politiques de la Guerre Anti-Drogues

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Scandale des contaminations en prison de Laurent JACQUA

par syrinx, 03.03.2011
60% de prisonniers sont des prisonniers de la prohibition ! Les contradictions de la prohibition s’accumulent, l’article ci dessous en donne la preuve s.

article

"Après avoir témoigné lors des XV èmes états généraux de l’association ELCS (Elus locaux contre le sida) le 19 novembre, en présence de Marie George BUFFET et Jean Marie LEGUEN, fait un bilan dramatique de la situation des toxicomanes et de leur contamination par le VIH ET VHC, déploré le manque total de prévention et le non accès au PES programme d’échange de seringue, ces deux députés ont réagis , visiblement ébranlé par mon témoignage, en posant une question au gouvernement le 1er décembre au parlement."

suite :

http://laurent-jacqua.blogs.nouvelo...

vidéo :

http://www.dailymotion.com/video/xhbdtq_laurent-jacqua-interroge-m-g-buffet-sur-le-vih-en-prison_news#from=embed&start=0

Question de Marie George BUFFET à M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé.



« Monsieur le ministre du travail, de l'emploi et de la santé, l'immense travail des chercheurs - et je veux à mon tour saluer le professeur Rozenbaum -, la compétence des soignants et l'engagement des associations ont permis de grandes avancées dans la lutte contre le sida. Après des années de plomb, un formidable espoir s'est levé. Mais cette journée nous rappelle que, face au VIH, l'heure reste à la mobilisation : mobilisation pour la prévention et pour de nouveaux progrès dans les traitements et dans l'accès à ceux-ci.

Toutes les auditions du groupe d'études sur le sida que j'ai l'honneur de présider montrent qu'il est possible de marquer maintenant des points décisifs contre la maladie. C'est possible si des moyens supplémentaires sont dégagés rapidement et si tous les obstacles à l'accès aux soins sont levés.

Monsieur le ministre, c'est dans ce contexte qu'avec mes collègues je vous interroge sur les objectifs de votre gouvernement, car la France est, et peut être encore davantage, un repère dans ce combat.

Il faut impérativement dégager des moyens en allant vers un doublement de notre participation au Fonds mondial et en faisant le nécessaire pour développer le dépistage systématique ; lever les barrières dans l'accès aux soins en maintenant et en développant partout à l'hôpital public les accueils spécialisés, pour toutes et tous, sans discrimination - je pense notamment à l'accès à l'AME.

Il faut aussi retirer, comme le demandent les plus hautes instances de lutte contre sida, l'article 37 _octies_ de la LOPSSI, qui criminalise le dépistage ; assurer la prévention dans les enceintes pénitentiaires avec, par exemple, l'échange des seringues, pour éviter de nouvelles contaminations. Enfin, alors que la maladie se féminise, il faut accorder des moyens supplémentaires aux associations qui agissent pour développer l'accès au préservatif féminin et faire reculer les logiques de domination patriarcale.

Monsieur le ministre, ce chantier est exigeant, mais il est porteur de progrès humain. Quelle nouvelle étape la France va-t-elle franchir dans ce combat contre le sida ? »

_(Applaudissements sur les bancs des groupes GDR et SRC.)_

Réponse de M. Xavier Bertrand, ministre du travail, de l'emploi et de la santé à Marie George BUFFET



Madame Marie-George Buffet, je sais l'engagement qui est le vôtre à la tête de ce groupe d'études qui rassemble députés de droite et de gauche pour lutter contre le sida. Concernant l'accès aux soins, vous avezévoqué l'AME : vous savez que la tuberculose et le sida sont des pathologies pour lesquelles l'accès aux soins sera toujours possible et je vous remercie d'acquiescer ici à mon propos. Concernant notre engagement international, la France est le deuxième

contributeur au monde et le premier par habitant. Nous entendons intensifier cet engagement et continuer de faire pression pour que d'autres pays s'engagent aussi massivement. En effet, même si aux yeux de certains l'épidémie marque le pas, il ne doit pas en être de même des financements. Parce que 10 millions de

personnes sont encore en attente de traitement, les progrès réalisés au plan international sont insuffisants et doivent être poursuivis. Parmi les objectifs du plan 2010-2014 figure une réduction de 50 % du nombre de personnes infectées dans les cinq prochaines années, notamment grâce à la généralisation du dépistage. C'est un objectif ambitieux, mais nous sommes persuadés qu'avec les associations et les nouveaux centres associatifs chargés du dépistage, avec les médecins généralistes et l'ensemble de la population, nous pourrons marquer des points contre cette maladie.

Je crois comme vous que la prévention est un éternel combat. Et je dis oui au développement du préservatif féminin, que nous avons initié il y a quelques années. Il faut par ailleurs relancer les campagnes d'accès facile au préservatif, comme le préservatif à 20 centimes que j'avais lancé en son temps. Il faut faire œuvre de prévention auprès de toutes les populations, pour faire reculer cette maladie. _(Applaudissements surles bancs du groupe UMP.)_



(Pas un mot sur les PES en prison, il répond à tout le reste sauf à ça)

Question de Mr Jean Marie LEGUEN à M. Michel Mercier, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés.

« Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi et de la santé, ainsi qu'à M. le garde des sceaux. Le 1er décembre est, pour tous nos compatriotes et pour nous-mêmes, sur tous les bancs de l'Assemblée nationale, une journée de mobilisation contre le SIDA. Tous ensembles, nous voulons promouvoir les efforts en faveur de la recherche, du développement et de la coopération. Nous, députés, portons une attention toute particulière aux questions d'accès aux soins. Il est étonnant de constater que le Gouvernement, qui se targue de son rôle de premier plan dans la coopération internationale, refuse d'accueillir les étrangers présents sur son territoire. Nous voyons, sur ce défi de santé publique, une contradiction qui nous pose problème sur le plan moral.

_(Exclamations sur les bancs du groupe UMP - Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.)_

Ma question, qui a pour objet de faire avancer nos politiques de santé publique, concerne tout particulièrement les personnes incarcérées.

Comme vous le savez, 60 % de ces personnes sont des usagers de drogue.

Parmi ces 60 %, 12 % ont reçu des injections de drogue à l'intérieur de la prison, dont 30 % après des partages de seringues. Vous mesurez, monsieur le ministre, les conséquences de cet état de fait en matière de santé publique : cela signifie des infections pour les personnes concernées et un foyer de développement de l'épidémie à l'intérieur des prisons - mais aussi, demain, à l'extérieur, lorsque ces personnes sortiront.

Ma question est simple, monsieur le ministre : pourquoi n'acceptez-vous pas la présence d'échangeurs de seringues à l'intérieur des prisons, alors que ce dispositif est admis sur la voie publique, dans nos quartiers. »

(Applaudissements sur les bancs du groupe SRC.) _

Réponse de M. Michel Mercier, garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés.

« Comme vous l'avez indiqué, monsieur le député, de nombreux individus entrant en prison déclarent une utilisation prolongée et régulière de la drogue. C'est pourquoi il est proposé à chaque détenu, lors de son incarcération, un bilan de santé portant notamment sur sa consommation de produits stupéfiants, d'alcool et de tabac.

Le suivi médical de ces détenus est pris en charge par le ministère de la santé dans le cadre des unités de consultations et de soins ambulatoires, les UCSA, présentes dans chacun des établissements et des services médico-psychologiques régionaux. Ces structures assurent une prise en charge sanitaire et la distribution éventuelle de produits de substitution, ainsi qu'une prise en charge sociale comprenant l'orientation, à la sortie des structures carcérales, vers des structures extérieures spécialisées.

Depuis 1992, il existe, dans les établissements les plus importants, des unités pour sortants ayant pour objet d'assurer à l'extérieur le suivi des détenus toxicomanes.

_(« La question ! » sur les bancs du groupe SRC.) _

Plus récemment et à titre expérimental, une dizaine de programmes de prévention de la récidive ont été mis en place. Pour ce qui est des échanges de seringues, le ministère suit les préconisations d'une mission interministérielle qui souligne le caractère inopportun de ces échanges en prison. Nous nous en tenons donc à cette préconisation. Je profite que la parole me soit donnée à ce sujet pour rendre hommage au personnel de l'administration pénitentiaire, qui exerce un métier particulièrement difficile. »



Quelles sont les préconisations de la MILDT évoqué par Michel MERCIER:

" Une difficulté majeure subsiste en raison du sens que revêt cette mesure dans un contexte d'interdiction et dans un lieu d'exécution d'une peine. Les contradictions qui existent entre libre accès au matériel d'injection et la prohibition de tout usage de drogues apparaissent beaucoup plus difficiles à gérer en milieu pénitentiaire qu'en milieu libre. "

" Enfin, une telle mesure pose un problème de cohérence avec le reste de la réglementation qui prohibe en prison la consommation de toutes les substances psychoactives, y compris licites (alcool). En l'état actuel des textes, l'implantation de programmes d'échanges de seringues en détention serait de nature à affecter la cohérence des politiques et à fragiliser l'institution pénitentiaire. L'introduction de la mesure impliquerait de ne pas sanctionner et de tolérer l'usage de drogues, au moins chez les usagers fréquentant le programme. Les membres de la mission estiment qu'un tel choix ne relève pas de l'institution pénitentiaire, mais d'un véritable choix politique qui doit être cohérent, débattu et assumé devant l'opinion publique. Pour ces diverses raisons, cette mesure pose, à l'heure actuelle, un gros problème d'acceptabilité, tant à l'égard des personnels que des personnes détenues et de l'opinion publique. Au regard de l'ensemble de ces éléments et de l'existence d'une alternative fiable pour décontaminer le matériel d'injection (eau de Javel), la mission estime que la mise en œuvre de cette mesure n'est pas souhaitable pour le moment. Sans exclure que la question soit réexaminée à moyen terme, elle ne recommande donc pas l'introduction de cette mesure. "

" Les comportements de prévention ne sont pas encore intégrés. Les équipes restent encore très attachées à un principe d'abstinence. "

Voila derrière quel genre d'argument fallacieux se sont refugié les ministres de la justice et de la santé pour laisser les détenus se contaminer entre eux et ne pas leur laisser la possibilité de protéger leur vie en utilisant des seringues propres et individuelles comme c'est le cas à l'extérieur depuis 1991. Cette recommandation est et sera la cause d'un futur scandale de contamination et les responsables devront en rendre compte un jour ou l'autre.

Nous le savons, la prévalence du VIH en milieu pénitentiaire est trois à quatre fois supérieure à celle constatée en milieu libre et celle du VHC quatre à cinq fois supérieure" (Rapport de la Mission Santé-Justice, 2001) et "près d'un tiers des entrants en prison sont toxicomanes" (Conseil consultatif national d'Ethique). Ces constats figurent pourtant dans le Plan d'actions stratégiques 2010-2014. La consommation de produits psycho-actifs en milieu carcéral (besoin qui est souvent augmenté par l'impact de l'incarcération sur la santé et le mental des personnes), l'efficacité très modérée des méthodes de prévention du VIH/VHC actuellement proposées aux usagers de drogue, la nécessité de proposer du matériel de réduction des risques (RDR)...

Ce sont des évidences qui dérangent et, une nouvelle fois, c'est la négation des preuves scientifiques et l'absence d'engagement qui résonnent dans ce Plan.
Pas un mot sur l'éventuelle mise en place de programmes d'échange de seringues en prison ; une urgence sanitaire qui n'alarme pas les pouvoirs publics français. Et, sur ce point, l'ex ministre de la santé n'était pas "franchement" motivée. A la question "Pourquoi ces programmes ne figurent-ils pas au Plan d'actions 2010-2014 ?", Roselyne Bachelot avait répondu : "En tant que citoyenne, je le comprends assez bien. [Avec les programmes d'échange de seringues], en matière de sécurité, les conditions ne sont pas franchement réunies"
(Conférence de presse au ministère de la santé, 28 octobre 2010).
Elle n'en dira pas plus ! Alors que les textes de loi autorisent la mise en place des programmes de réduction des risques dans leur intégralité (loi du 18 janvier 1994 qui ordonne l'équivalence des soins en milieu libre et en milieu clos, loi du 9 août 2004 et décret de 2005 qui reconnaît que la réduction des risques passe par la distribution de seringues stériles...) et que les experts recommandent la distribution de seringues stériles pour diminuer le nombre de contaminations au VIH et au VHC (Rapport Yéni, avis du Conseil National du Sida en septembre 2009, Expertise collective "Réduction des risques chez les usagers de drogue" de l'Inserm en juillet 2010...), les initiateurs du Plan d'actions stratégiques 2010-2014 misent, en effet, sur une stratégie de prévention "standard". Pour aider les personnes à se passer de produits psycho-actifs, on prévoit le développement des traitements de substitution. Les autres grandes ambitions du Plan ? De l'eau de Javel pour désinfecter une seringue usagée, des préservatifs, du gel lubrifiant... et des traitements prophylactiques post-exposition au VIH pour que ceux qui ont pris un risque aient une chance de s'en sortir.

Face à de tels arguments le gouvernement et les ministres MERCIER et BERTRAND continuent à garder une ligne de conduite criminelle laissant, de façon volontaire, la population pénale prendre des risques en se contaminant par échange de seringue.

Je suis intervenu de différentes façons pour mettre en lumière ce scandale et contribuer à faire connaître le problème dans les médias et l'opinion public ceci afin de réagir face à cette future catastrophe sanitaire annoncée. Voici, pour vous éclairer un peu plus, un article parut sur le site de Rue89 et une vidéo qui pose le débat avec, en extrait, mon intervention, les questions au gouvernement et pour finir l'interview de Marie George BUFFET que j'interroge sur le sujet.

Je souhaite que les choses évoluent en faveur de la prévention en prison car pendant que vous visionnez cette vidéo et lisez ce texte savez vous combien de détenus ce sont contaminé ?

A bientôt sur le BLOG pour la suite...

Laurent JACQUA

Pour tout contact laurentjacqua@yahoo.fr






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