[Iran] Exécution d'une Irano-néérlandaise pour trafic de drogue
par Agence de Presse, 29 janvier 2010L'Iran est un des pires pays concernant le traitement des trafiquants et des trafiquants présumés. De pendaisons en exécutions, ils n'hésitent pas à montrer un visage cruel et dur quand il s'agit de drogues.
LEMONDE.FR avec AFP
L'Iran a annoncé avoir pendu, samedi 29 janvier,
Sahra Bahrami, une femme de nationalités
iranienne et néerlandaise accusée de trafic de
drogue, en dépit de l'intervention des Pays-Bas
et des appels de l'Union européenne à un
moratoire sur les exécutions, qui se sont
spectaculairement accélérées depuis le début de
l'année.
Un communiqué du procureur de Téhéran précise que
Mme Bahrami avait été condamnée à mort par un
tribunal révolutionnaire pour "la possession de
450 grammes de cocaïne". Mme Bahrami a été
"arrêtée pour crimes relatifs à la sécurité",
sans plus de précisions.
Arrêtée en décembre 2009 à Téhéran alors qu'elle
participait à une manifestation contre la
réélection contestée du président Mahmoud
Ahmadinejad, Sahra Bahrami faisait aussi l'objet
d'un procès pour appartenance à un groupe armé
opposé au gouvernement, crime pour lequel elle
encourait également la peine de mort, selon sa
fille. Durant la perquisition de son domicile,
"450 grammes de cocaïne et 420 grammes d'opium
ont été découverts", et l'enquête a "montré
qu'elle avait vendu 150 grammes de cocaïne",
selon le communiqué.
Le 5 janvier, les Pays-Bas avaient manifesté leur
"préoccupation" et demandé des "éclaircissements"
à l'Iran sur la situation de Mme Bahrami, née en
Iran et naturalisée aux Pays-Bas. "Nous réclamons
des informations, la possibilité de lui apporter
une aide consulaire et un procès équitable",
avait déclaré le ministre des affaires
étrangères, Uri Rosenthal.
"FAIRE PRESSION SUR LA RÉPUBLIQUE ISLAMIQUE"
Téhéran, qui ne reconnaît pas la double
nationalité et considérait Mme Bahrami comme
Iranienne, avait rejeté cet appel relayé par
d'autres capitales européennes, accusant les
Occidentaux d'instrumentaliser l'affaire pour
accroître leur pression sur l'Iran, déjà soumis à
de sévères sanctions internationales pour son
programme nucléaire controversé.
"L'une des affaires utilisées par les pays
occidentaux pour faire pression sur la République
islamique est le cas de (Mme Bahrami)", avait
affirmé la semaine dernière le porte-parole du
ministère iranien des affaires étrangères, Ramin
Mehmanparast. "Ils n'ont pas le droit
d'interférer dans nos affaires internes",
avait-il insisté, en affirmant que le système
judiciaire iranien était "totalement indépendant".
Le rythme des exécutions a explosé depuis le
début de l'année en Iran, l'un des pays du monde
pratiquant le plus la peine capitale avec la
Chine, les Etats-Unis et l'Arabie saoudite. Au
moins 66 personnes ont été pendues depuis le 1er
janvier pour divers crimes, soit plus de deux par
jour, selon un décompte établi par l'Agence
France presse à partir des informations diffusée
par les médias iraniens.
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